Le blog de lina
- Asseyez monsieur Kalou, proposa Christine à l'homme qu'elle venait de faire rentrer dans son
bureau.
Elle détailla cet homme. C'était un homme noir aux vêtements dépareillés et décolorés et à l'âge indécis à cause de la
barbe de plusieurs jours qui cachait une partie de son visage, il sentait la sueur et un peu l'alcool. En fait, il n'avait rien de particulier pour elle qui voyait passer des gens comme lui tous
les jours.
- Que puis -- je pour vous, monsieur Kalou? Demanda -- t -- elle en sachant déjà qu'elle ne pourrait pas donner de
réponse favorable à sa demande, il était trop avancé dans la précarité.
Il lui expliqua sa vie, ses problèmes, ses errances qui l'avaient conduit de régions en régions jusqu'à arriver à
Lilleland. Elle fit l'effort d'écrire ce qu'il lui disait pour ne pas le froisser. Puis soudain, au milieu de la conversation, il la surprit.
- Vous savez, dit -- il. J'ai passé plusieurs semaines dans les rues avant d'oser venir vous voir. Si j'ai fini par le
faire, c'est uniquement parce qu'un amie m'a dit que l'on pouvait vous faire confiance, elle s'appelle Opale.-
Opale? répéta -- t -- elle, se crispant en entendant le nom de la pauvre fille qu'elle avait envoyé à la mort.
- Oui, elle a vécu ici, n'est -- ce -- pas? Elle s'en est sorti grâce à vous à ce que je sais. Elle a trouvé un bon
emploi non?
- Oui, dans la boutique « Lupa souvenir », fit -- elle, mais...
Elle hésita puis dévisagea cet homme comme si elle le voyait pour la première fois. L'homme recula sur sa
chaise.
- Et mon dossier a des chances d'être accepté? demanda -- t -- il.
- Je ne peux pas rien vous dire tout de suite, nous l'examinerons en tout cas.
- Merci madame. Je peux vous rappeler quand?
- Je le ferais, vous avez un téléphone?
- Malheureusement non.
- Alors je vais vous donner celui du foyer.
Elle lui tendit la carte du foyer qui prit avant de partir sans ajouter un mot. Elle quitta son siège pour se diriger
vers la fenêtre et le regarder s'éloigner dans la rue. Rien dans son comportement ne semblait suspect et pourtant elle décrocha son téléphone.
- Maître, dit -- elle, vous vouliez que je vous appelle si jamais quelqu'un venait poser des questions au sujet
d'Opale et bien c'est le cas.