Le blog de lina
parlé de son expérience avec cet homme malsain et la seule idée de
devoir le rencontrer la terrorisait.
- Pas ça! Se rebella-t-elle. Jamais!
A peine avait-elle terminé cette phrase qu'Yvon bondissait du lit
pour l'attraper par le cou. Il la souleva du sol et commença à l'étouffer.
- Où tu as vu que j'allais demander l'avis d'une pute comme
toi?
Il resserra encore son emprise et l'air commença à lui
manquer.
- Je vais être très clair, reprit-il en articulant très
distinctement. Dès demain tu vas quitter ton appartement minable pour rejoindre l'adresse que je vais te donner pour y retrouver ton nouveau maître. Je veux que tu sois parfaite car si jamais ce
n'est pas le cas, c'est ma réputation qui en pâtira et je ne le tolérerais jamais.
Il serra encore plus et elle crut qu'il allait la
tuer.
- Si jamais tu nuis à ma réputation, je te tues, lui promit-il avant
de la lâcher.
Le carré hispanique du cimetière Saint Paul était le lieu d'une
grande procession. Ce jour, on enterrait une figure de la société hondurienne de Lilleland. Jorge Ramos, député et élu municipal, passait pour la principale raison de la si importante présence
des honduriens dans cette région du monde. Fervent opposant au régime en place, il n'avait eu de cesse de faire reconnaître tout ses compatriotes en fuite comme des réfugiés politiques ou de leur
obtenir des papiers en règle en un minimum de temps. Sa mort pouvait signifier la fin des espoirs pour des dizaines de honduriens venus chercher une nouvelle patrie si loin de chez
eux.
Perdue au milieu des centaines d'anonymes venus pleurer la mort de ce
héros populaire, Anita Fuentes, professeur d'espagnol à l'école Bono, faisait partie de ces réfugiés dans l'expectative. Ramos lui avait personnellement promis de lui obtenir un permis de séjour
après avoir entendu son histoire. Il fallait dire qu'il avait personnellement connu son père quand celui-ci ambassadeur du Honduras à Lilleland s'était dressé contre la dictature qui s'était
installée dans leur pays 15 ans auparavant. Anita était encore une jeune fille de seulement 10 ans à ce moment alors que Jorge, jeune militant devait fuir le pays pour se réfugier à Lilleland et
vivre dans les quartiers que l'on appelait naguère « la cour des miracles ». Il s'en était extrait à la force du poignet durant une période trouble dont peu de gens parlaient en ville pour
devenir une figure politique de haut rang et le député des quartiers rénovés.
Dans ce terrible accident, Anita avait non seulement perdu un soutien
de poids mais aussi une grande amie en la personne de Bethany Carter. La jeune anglaise dont le corps avait été rapatriée dans son pays avait pris fait et cause pour elle et passait des heures à
l'aider pour remplir les formalités administratives nécessaires à l'obtention des papiers dont elle avait tellement besoin. Elle savait que si Bethany était dans la voiture de Jorge ce soir là
c'était à cause d'elle. On avait retrouvé des documents à son nom dans la voiture et Bethany avait laissé un message sur son répondeur lui donnant rendez-vous à l'école ; un rendez-vous auquel
elle n'avait jamais pu se rendre. C'était un terrible fardeau à porter que celui de la responsabilité même indirecte de la mort des deux personnes qui comptaient le plus dans sa vie à
Lilleland.
La cérémonie funéraire fut émouvante. L'épouse de Jorge et ses
enfants restèrent parfaitement dignes durant l'éloge fait par le cardinal de la cathédrale de San Marco, la plus importante de la ville. Puis vint le moment des hommages. De nouveau, Danielle
Ramos se montra d'un grand courage acceptant les condoléances de dizaines de personnes qu'elle n'avait jamais vu pour la plupart. Anita se joignit à la file