Le blog de lina
pensait que le fait que ses parents et son frère aient été assassinés
par le régime en place serait suffisant pour justifier du « danger vital » qu'elle courait. Elle appela immédiatement la permanence de l'association des réfugiés honduriens et finit par obtenir
Ivan Morales, l'un des principaux responsables qui lui fit un aveu à lui glacer le sang.
- La vérité Anita est que ton dossier était excellent et qu'il aurait
dû être accepté mais tu as désormais une ennemie trop puissante pour nous. Danielle Ramos a fait pression sur ses amis politiques et tu sais qu'elle est la fille d'un homme puissant au niveau
régional. C'était en grande partie grâce à elle que Juan avait réussi sa carrière. Si seulement, il n'avait pas eu ce caractère si volage.
- Mais elle se trompe, je n'ai jamais...
- Je sais mais impossible de lui faire comprendre et elle te fait
seulement payer pour toutes celles avec lesquelles il a réellement couchées. Enfin, tout n'est pas perdu, tu as toujours ton emploi. Tant que tu le conserveras, nous ferons renouveler ton permis
de séjour sans problème et dans quelques temps, quand Danielle aura retrouvé la raison, nous pourrons refaire une demande. C'est juste une question de temps.
Il était drôle ce n'était pas lui qui devait vivre avec une épée de
Damoclès sur la tête. Elle avait en tête le souvenir d'une de ses amies, expulsée voici quelques mois et qui avait disparue sitôt son arrivée sur le sol du Honduras. Elle savait que son permis de
séjour ne dépendait que d'une chose : la prolongation de son contrat. Or, le directeur Laroquette ne l'avait toujours pas rappelé pour la lui faire signer contrairement à la majorité de ses
collègues.
Anne-Marie se trouvait dans le bureau du foyer et travaillait sur un
nouveau dossier quand Christine entra et ferma la porte derrière elle. La directrice se jeta alors littéralement sur le sac de son assistante sociale et l'ouvrit sans ménagement. Totalement
surprise, Anne-Marie voulut protester mais ses récriminations moururent dans sa gorge quand Christine brandit sous son nez le tube d'antidouleur qu'elle venait de se
procurer.
- C'est ce que je pense? demanda la directrice l'air
horrifié.
- J'ai une ordonnance et tu le sais, se défendit
Anne-Marie.
- Ce que je sais c'est que ton traitement est terminé depuis
plusieurs mois. Anne-Marie es-tu dépendante de ces cachets?
- Pas du tout.
- Alors tu ne verras aucun inconvénient à subir un test capillaire
pour le prouver.
Anne-Marie hésita. Elle savait qu'un tel test mettrait en évidence
non seulement les quantités qu'elle prenait actuellement mais également l'augmentation des prises depuis plusieurs mois.
- Mon Dieu, s'emporta Christine qui prit son hésitation pour un aveu.
Te rends-tu compte des conséquences?
- Mon utilisation de ces substances n'a jamais eu de répercutions sur
mon travail.
- Mais tu t'entends? C'est exactement le discours que nous entendons
tous les jours. On ne contrôle jamais et tu le sais très bien. Et ce n'est pas le pire. Veux-tu savoir comment j'ai été mise au courant? Un étranger m'a averti et pas quelqu'un de bien
intentionné.