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En proie à son excitation montante, Laroquette rejeta sa tête en
arrière et une pensée envahit son esprit. Les programmes qui en ce moment même faisaient de Morgane une étudiante modèle contenaient un autre message bien plus intéressant. Ils étaient en train
de la convaincre que désormais elle ne devrait considérer plus qu'un seul homme sur terre ; se plier à toutes ses volontés sans les discuter ; bref devenir son esclave soumise. Cet homme
s'appelait bien entendu John Laroquette. Cela prendrait du temps bien sûr mais il savait désormais que c'était inéluctable. Le sort de Morgane Bastier était scellé.
Thierry resta un long instant silencieux devant l'apparition. Rousse,
le teint pâle mais pas fantomatique, un regard bleu pénétrant qui vous désarmait, Martina Ivanova restait la plus belle femme qu'il n'avait jamais vue en dépit des 10 années qui s'étaient
écoulées depuis la dernière fois qu'il l'avait vue. Quand elle était entrée dans le living, elle affichait un sourire charmant mais dès qu'elle le vit, son expression se transforma. Il vit son
visage se fermer et son regard d'azur perdit toute sa lumière. Elle se tourna vers Thomas sans même saluer le détective.
« Rien de personnel, voulut se rassurer Thierry. Ce n'est pas toi
qu'elle rejette mais tous les souvenirs que tu lui évoques ».
Elle ne parla même pas. Thomas hocha la tête et elle se dépêcha de
partir vers l'escalier qui serpentait dans leur dos. Quand celui qu'on appelait le « Frère » se retourna vers lui, toute trace de trouble avait disparu de son visage ; il s'était à nouveau
détaché. Thierry savait qu'il avait laissé passer son moment. Il refusa cependant de renoncer.
- Thomas, nous parlions de Lilleland.
- Lilleland n'est plus mon problème, répéta le « Frère ». Nous avons
assez payé.
- Thomas, nous avons tous payé un lourd tribut à la guerre contre
Paul, ce n'est pas pour autant que nous avons fui pour autant.
- Chacun ses choix. J'ai décidé de protéger ce qui m'était
cher.
Thierry comprit que tout était dit. Entre Martina et Lilleland,
Thomas avait choisi.
- Je vais rester quelques jours dans la région, précisa-t-il.
J'aimerais essayer de renouer quelques contacts du réseau avant de repartir. Si tu changes d'avis...
Il posa son numéro de téléphone sur le bureau tout en se doutant que
Thomas le jetterait dès qu'il aurait passé le pas de la porte.
Amanda-Jean pénétra dans le « Basque Noir » et toutes les discussions
cessèrent. Il fallait dire qu'elle ne correspondait pas du tout à l'archétype du client classique de cet endroit. Avec sa tenue impeccable, elle faisait tache au milieu des marins en goguette,
des loubards évadés des quartiers périphériques et des travailleurs émigrés en situation irrégulière. Pourtant, elle ne se laissa pas intimidée par les regards qui se posaient sur elle et se
dirigea vers le comptoir. Un gros maghrébin se poussa pour lui laisser la place en la gratifiant d'un clin d'œil qu'elle ignora. Elle héla le barman qui se dirigea vers elle immédiatement. Elle
commanda une bière et attendit qu'il revienne. Quand il lui posa son verre sur le comptoir sale, elle en profita pour retenir son attention.
- Je cherche quelqu'un, lui lança-t-elle.
- J'espère que c'est moi, répondit-il en
ricanant.