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Sans rien dire, il sortit de la voiture de emprunta une petite rue
adjacente et il ne lui fallut que quelques minutes pour se retrouver sur l'avenue Fabrice Triod. Il se figea en plein milieu de cette artère piétonne large de plus de 20 mètres. Il se trouvait
dans l'axe principal de ce que les habitants de Lilleland appelaient les quartiers rénovés et qui n'était qu'une succession d'immeubles anciens aux dimensions bien moins impressionnantes que les
gratte-ciel des centres d'affaire qui s'étendaient alentour. Il fut frappé par l'impression de calme qui y régnait avec toutes les boutiques et bars visiblement destinés à une clientèle aisée qui
s'alignaient devant lui. L'avenue était animé mais rien à voir avec la folie chamarrée dont il se souvenait de l'époque de la « cour des miracles. ». Il prit une grande respiration et ferma les
yeux. Quand il les rouvrit, les souvenirs affluèrent et le monde sembla changer autour de lui au fur et à mesure qu'il avançait. Le sol soigneusement pavé disparut et il vit réapparaître le
caniveau sale et les carreaux saillants sur lesquels les personnes peu attentionnées se coupaient souvent. Les trottoirs se couvrirent d'ordures en tout genre que les gens jetaient directement
des étages des immeubles aux peintures tellement usées par les années que l'on se demandait même si elle avaient jamais existés. La plupart des fenêtres étaient bâchées ou recouvertes de carton
pour les isoler du froid. Il avança encore et passa devant de grande arcades sombres en dessous desquelles des prostituées satisfaisaient leurs clients et des junkies se cachaient pour s'injecter
leur poison dans les veines. De partout, il voyait sortir les habitants de cet univers unique qui défiait la loi et l'ordre de la mégalopole. Les ouvriers en situation irrégulières, les étudiants
sans le sou, les travailleurs pauvres, les chômeurs et tous les autres marginaux. De toutes les races, de toutes les nationalités et sans distinction de taille, d'âge ou de sexe, tous mêlés dans
la misère. Il entendit alors des cris et vit une troupe d'enfant qui dévalait d'une petite rue en courant. Dans ce lieu dur, les enfants n'arrêtaient jamais de courir. Il se revit alors à 10 ans
courant lui-aussi tantôt pour échapper aux plus grands, tantôt -- et il n'en était pas forcément fier- après les plus petits. Il n'avait jamais eu l'impression d'être un dur dans ce monde sans
pitié ou il fallait toujours jouer des poings pour s'imposer. Non, son arme à lui c'était son cerveau et sa mère avait toujours pensé qu'il s'extirperait de cet enfer mêlant drogue, prostitution
et délinquance grâce à sa tête. Elle avait raison.
Pourtant, grandir dans « la cour des miracles » ne pouvait pas vous
laisser indemne. Après des années passées à courir dans les rues, à se planquer pour étudier, il avait bénéficié du programme de réinsertion. Les notables de la ville faisaient leur B.A. et tous
les ans, 2 ou 3 enfants comme lui obtenaient grâce à leurs notes le droit d'aller étudier dans des écoles de prestige. Son année fut exceptionnelle puisque deux élèves furent admis dans la grande
école Oscar Bono au milieu des enfants des plus grandes familles. Thomas était l'un d'entre eux. Les gosses de riches ne manquèrent pas de lui faire comprendre qu'il n'était pas à sa place et dès
le premier soir, 4 gros bras de l'école l'attendaient à la sortie pour lui casser le nez. A 4 contre un, ils ne prenaient pas de gros risques et la bagarre ne dura pas plus de deux minutes.
Thomas en allongea deux pour le compte, les deux autres ne prenant même pas le risque de croiser le fer. A ce moment, il comprit une réalité simple : « la cour des miracles » l'avait endurci bien
plus qu'il ne l'aurait jamais cru. Il se croyait fragile dans cet univers de brutes, il avait bien tort. Seuls les forts y survivaient, les autres étaient broyés, sans
pitié.
Sans petite balade dans le passé s'interrompit au pied d'un immeuble
plus élevé que les autres. L'Excelsior étendait son ombre malsaine sur lui et il trembla. Il revit le QG des caïds de « la cour des miracles ». Surtout il se revit menant les commandos marins à
l'assaut de cette forteresse dans une Lilleland en flamme. Il n'avait que de la haine dans le cœur. Ce soir-là, il allait perdre encore un compagnon et tuer Ryan, le seul homme que Paul pouvait
nommer son ami.
Presque contre sa volonté, ses jambes le firent passer la porte
rotative pour entrer dans le grand hall de ce qui était désormais un hôtel de luxe. Il se planta dans ce lieu où personnel et clients allaient et venaient sans sembler se soucier de son
existence. Il revit les murs sombres de l'époque de Paul et les impacts de balle de la bataille qui marquèrent la fin du règne de Ryan qui gérait la ville pour lui. Tout avait changé, on avait
effacé tout cela comme tout le reste. Les notables avaient rasé la « cour des